Bernie, c'est donc ce personnage sorti des archives municipales, ayant vécu ici en 1643. A l'époque, le quartier ou plutôt le fief s'appelait Bordeblanche et Sir Barthélémy Bernadou en était le maître.
Voici son histoire (extrait de notre "historique des Pradettes" en perpétuelle évolution):
Grâce
aux documents d'archives et parce qu'il était très attaché aux actes notariés
(même pour l'achat d'un boeuf), nous en apprenons tous les jours un peu plus
sur ce personnage humble et attachant.
Fils d'Etienne Bernadou et originaire d’Albi, Barthélémy fait un apprentissage
de boutonnier, suite auquel il présente une création originale pour devenir
"maître Boutonnier", et il obtient ce titre. Il intègre par ailleurs
la "corporation des boutonniers", dont il deviendra
« bayle » (maître, chef) en 1631 et le restera de nombreuses années.
Il est propriétaire d'une maison rue des Filatiers, et en 1625 il fait
l'acquisition de son magasin.
En 1631, Bernie est atteint par la peste, dont il réchappera bien heureusement.
Néanmoins, on peut supposer qu'elle lui ait laissé quelques séquelles.
Le 19 Juin 1632, il épouse demoiselle Domenge Delbosc, qui est alors veuve et
héritière d'un boucher, François Roussel.
Bernie fait beaucoup de commerces (d'où peut-être le nombre d'actes) et donc
beaucoup de déplacements, jusqu'à Paris parfois. Son commerce est important,
Bernie n’est pas un simple commerçant mais un négociant, qui s’entoure de
facteurs pour s’occuper de ses nombreuses transactions. Le prix de vente de son
fond de commerce à la fin de sa vie (32000#) et les nombreuses propriétés dont
il se portera acquéreur en attestent.
En 1635, il quitte sa maison rue des Filatiers pour aller s'installer avec
Domenge (qui appelle parfois Domingette) dans une nouvelle demeure, place de la
Trinité qui nécessitera beaucoup de travaux, parmi lesquels l'installation de
latrines, témoignant d'un certain "standing" pour l'époque.
En 1643 donc, il acquière Bordeblanche, où il fait différentes
transactions d'ordre agricole
(charrette, bœufs, jument, grains, têtes de bétail à laine, plantations, cuves
à vin...), emploie ses métayers et engage des travaux dans la métairie dont
notamment des fossés et des murs dressés devant les vergers et les vignes. Ces
travaux viennent s’adjoindre au pont-levis de la demeure (érigé du temps de
Sabatery, le précédent propriétaire) pour la protéger au mieux. Il plante de
nombreux arbres dont 750 chênes et 500 fruitiers qui viennent compléter les
pommiers, poiriers et pruniers déjà présents sur le domaine.
Ces différents achats nous renseigne sur le domaine en lui-même, allant de la
culture de la vigne et des fruits et légumes à l'élevage de bétail ou aux parcs
remplit des chênes. Il lance aussi la
restauration du toit du pigeonnier. Il est sûrement lié avec Darbou, son voisin
propriétaire de la Mounède, puisque ce dernier est souvent son témoin dans les
actes notariés.
C'est un homme rigoureux et droit, qui n'hésite pas à faire des procès ou à
renvoyer son métayer car "celui-ci n'a pas fait son travail
correctement", et c'est aussi un homme très pieux voire dévot.
Barthélémy Bernadou est avant tout un homme bon, qui n'hésite pas à prêter
régulièrement de l'argent (en atteste les nombreux actes) et qui est très
attaché à son métier de boutonnier, qu'il souhaite transmettre. Il forme des
apprentis tout au long de sa vie et lègue à sa mort, une somme pour permettre
aux orphelins d'acquérir une formation de boutonnier. Se sentant très malade,
il veillera à vendre son commerce à l'un de ses anciens apprentis devenu maître
boutonnier.
En novembre 1652, très affaibli il teste en sa métairie de Bordeblanche.
Dans ce testament, il veillera à ce que Domenge ne manque de rien jusqu'à la
fin de ses jours, ainsi que ces héritiers (n'ayant jamais eu d'enfant, il
désignera donc ses neveux comme
héritiers universels dont un certain "Louis Boutonnier »).
Il fera également de nombreux legs à des couvents et à la corporation des
boutonniers.
Il souhaite être enterré dans l’église de la Trinité ou il avait fait bâtir son
tombeau, mais gravement malade, il meurt dans sa métairie
entre le 17 Novembre 1652 (où il codicille) et le 25 janvier 1653 (où il
apparait comme décédé sur un acte de sa veuve).